Hôtel Cirta: Une mue nécessaire
Obligé de faire sa mue, l'hôtel, qui se confond avec le décor du cœur de la ville des ponts et qui porte d'ailleurs son nom, est l'objet de toutes les attentions des pouvoirs publics. M. Ahmed Mecheher, le chef de réception à l'hôtel «Cirta», qui nous a reçu, hier, ne tarit pas d'éloges en évoquant le passé, l'histoire et la «symbolique» que représente l'institution «Hôtel Cirta» dans la mémoire collective des Constantinois. Et ce, depuis plus d'un siècle (le centenaire célébré en 2012).
Passés ces courts moments d'émotion, M. Mecheher revient à la réalité actuelle de l'hôtel avec ses ambitions, chiffres, statistiques et graphiques à l'appui.
Questionné sur le taux d'occupation des chambres, le chef de réception distingue deux périodes : une période creuse qui s'étend de juillet à septembre et une période faste, le restant de l'année. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, mais pour M. Mecheher, si l'été est une période creuse, c'est «parce que les gens préfèrent la mer», dit-il. En cette période, le taux d'occupation est de 60%, alors qu'il est de 80% en période faste. C'est ainsi que pour la période janvier-juillet 2013, ce sont 707 étrangers qui ont séjourné à l'hôtel. On y trouve surtout des Français, des Anglais, des Américains et des Japonais. Pour la clientèle algérienne, et pour la même période, ce sont 3.980 personnes qui ont fréquenté l'établissement.
A la remarque qu'à la lecture de ces chiffres, ce n'est quand même pas la ruée, M. Mecheher avoue que «le plan de charge fonctionne beaucoup avec les séminaires, les colloques et autres rencontres nationales et internationales». En témoigne le profil des arrivants, locaux et étrangers, qui sont pour la plupart des cadres supérieurs représentant les grandes sociétés, des universitaires, des chercheurs et autres scientifiques venus dans le cadre d'échanges interuniversitaires.
Bien sûr, on ne peut éviter d'aborder le volet des prix, du cadre de vie à l'intérieur de l'hôtel, la qualité des prestations, l'hygiène et la sécurité. Côté prix, dira M. Mecheher, «nous pratiquons une politique susceptible de favoriser la destination Algérie». Et d'ajouter: «Des réductions de 10 à 20% sont accordées aux agences de voyages dont l'ONAT et le Touring voyages». Quant aux particuliers qui arrivent pendant les périodes creuses, les réductions peuvent atteindre 20%. Un tarif spécial est réservé aux nouveaux mariés qui effectuent un voyage de noces, 4.900 DA la nuitée dans une suite luxueuse, «c'est un prix qui défie toute concurrence», affirme M. Ahmed Mecheher.
Alors, l'hôtel Cirta a-t-il aujourd'hui les moyens pour pouvoir rivaliser avec ces monstres, leaders mondiaux de l'hôtellerie, qui voient le jour dans la ville et sa périphérie ? La réponse est «non
mais», rétorque notre interlocuteur, parce que l'hôtel est sur le point de lancer de grands travaux de rénovation. La rénovation de tout le matériel existant, toutes les installations électriques, la tuyauterie ainsi qu'une meilleure organisation de l'espace qui permettra la réalisation d'une grande salle de conférences. Ces travaux seront réalisés en collaboration avec la société d'investissement hôtelier et un organisme étranger «probablement la société Marriott», précise M. Mecheher. Une fois rénové et élevé au rang des grands hôtels modernes, Cirta sera-t-il géré par une entité étrangère, la chaîne Sheraton dont le nom est évoqué avec insistance ? «Oui, mais pas exclusivement étrangère», indique M. Mecheher, «ce sera en partenariat avec un organisme national».
Le chef de réception de l'hôtel Cirta est conscient qu'une adaptation aux normes universelles est nécessaire. Il y va de l'existence même de cette structure historique. Mais, pour lui, il n'est pas question non plus que sous le couvert de la modernité, «Cirta» perde de sa spécificité. L'aspect général extérieur doit être conservé, les fresques et les vieilles photos, en noir et blanc, qui ornent les murs sont éternelles, comme il ne sera jamais question que «Cirta» change de nom. «Oui pour que Cirta change de look, mais non pour qu'il perde son âme», conclut M. Ahmed Mecheher.