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Le palmier dattier pourrait alimenter plus d’un million de logements en énergie Taille du texte normaleAgrandir la taille du texte

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Le développement de la biomasse connaît aujourd’hui un grand essor en réponse à l’engagement planétaire dans la réduction de l’utilisation des combustibles fossiles (pétrole, charbon, gaz..). A l’unité de recherche appliquée en énergies renouvelables (URAER),les chercheurs s’attellent à démontrer l’étendue des avantages de la biomasse phoenicicole dans la production d’énergie. Au XXIe siècle, la civilisation du pétrole rend la vie plus facile pour l’homme, mais en contrepartie, elle occasionne une dégradation violente de l’environnement. Face à ce dilemme, l’urgence de changer de mode de consommation énergétique est une problématique prioritaire. Une des solutions serait-elle le retour aux énergies fondamentales : le soleil et la biomasse ? Mais à quel coût ? Les technologies récentes permettent de transformer la biomasse en hydrocarbure en quelques heures, rendant le changement une simple question de volonté. Mais à quel point la biomasse peut-elle remplacer les énergies fossiles ? Quels bénéfices, cette source d’énergie pourrait-elle apporter à l’environnement, ainsi qu’à l’humanité ? En un an, l’homme consomme environ 12 milliards de tep (tonnes d’équivalent pétrole). L’énergie solaire reçue par la terre équivaut à 90 000 milliards de tep, et l’énergie que stocke la biomasse par sa croissance est à 72 milliards de tep (2008) – statistiques de l’agence internationale de l’énergie. A l’unité de recherche appliquée en énergie renouvelable (URAER) de Ghardaïa, des chercheurs concentrent leur attention sur les potentialités offertes par la biomasse phoénicicole (palmier dattier) comme source d’énergie. «La biomasse phoenicicole est l’épine dorsale de l’écosystème oasien», assure Khalida Bousdira, maître de recherche à l’UARAER. La chercheuse s’est intéressée à présenter un aperçu de la composition chimique du combustible biomasse phoénicicole dans l’oasis algérienne (cas de Guerrara). De ce travail, l’équipe de recherche tire une série de conclusions sur les avantages d’une telle source d’énergie. D’abord, il est mis en relief l’existence d’une biomasse extraite à partir de sept sous-produits phoénicicoles de palmiers dattiers (Phoenix dactylifera L.) entre autres, la palme, le rachis, le pétiole, la spathe et le fibrilium. «Le palmier dattier est naturellement sec par régénération naturelle de la biomasse et contient l’humidité à faible concentration (environ 7%). Ce critère est très avantageux pour le stockage et la conversion thermique de la biomasse», explique la chercheuse dans son étude. Par ailleurs, l’autre force de cette biomasse réside dans le rapport élevé de la concentration des cendres des sous-produits (5%) par rapport aux biocombustibles solides conventionnels. «Ce paramètre a un effet significatif en particulier sur les processus thermochimiques, car il influe positivement sur la capacité énergétique de la biomasse dans l’ensemble. La valeur calorifique brute (expérimentale) de la biomasse considérée dans cette étude (environ 18 MJ/kg) est comparable pour les biocombustibles solides connus», explique Mme Bousdira, en ajoutant : «Ce paramètre varie selon les matières volatiles, carbone fixe et la composition élémentaire. Ces derniers sont plus près des résultats rapportés dans la littérature, en particulier celles du bois et de déchets agricoles». Une ressource à valoriser Mais pourquoi s’intéresser à la biomasse phoénicicole ? En plus d’être un arbre mythique et symbole des différentes civilisations, le palmier dattier constitue l’élément essentiel de l’écosystème oasien. Sa biomasse présente de nombreux avantages, dont la disponibilité, la biodiversité, l’aspect renouvelable ainsi que le potentiel énergétique. «Rarement étudiée, la valorisation de cette ressource nécessite une connaissance détaillée et précise de tous ses composants. Par conséquent, l’identification et la caractérisation chimique de cette biomasse est la première et la plus importante étape de l’enquête sur l’étude de potentiel énergétique de cette ressource renouvelable», indique la chercheuse. Par ailleurs, il est important de savoir que l’Algérie gagnerait à valoriser cette ressource, car elle jouit de plusieurs avantages à même de faire émerger cette source d’énergie. Il y a en premier lieu l’extension des parcs phoénicicoles, donc l’augmentation de l’étendue de la biomasse qui peut être exploitée. En second lieu, la possibilité de conserver et de convertir la biodiversité phoénicicole en développant cette idée. La contribution à la lutte contre la désertification est un autre argument, et enfin la gestion intégrée des oasis des déchets en liaison avec d’autres formes d’énergie renouvelable. Pour ce qui est des potentialités de cette biomasse, il est utile de noter que le parc algérien a accru d’environ 50% entre 1983 et 2003, passant de 7,6 millions à 14,6 millions de palmiers. Ce qui classe le pays à la quatrième position mondiale dans la production phoénicicole. «Sur le plan de la variété, un inventaire effectué révèle ainsi l’existence de 940 cultivars», estime Mme Bousdira. «Cette étude a montré qu’à l’échelle nationale (Algérie), la quantité de déchets lignocellulosiques phoénicicole est d’environ 807 992 tonnes, ce qui rend l’énergie phoénicicole à environ 347 374 tep (données de 2012). Cela a conduit les chercheurs à en déduire le nombre de logements potentiels qui pourraient être alimentés pour être environ de 1 196 581 maisons. Par conséquent, le concept de la bioénergie dans l’écosystème oasien mérite une attention particulière», note l’étude. En outre, la chercheuse explique qu’il existe un manque d’informations sur les substances chimiques, les phases et la composition des cendres provenant de la biomasse. «Peu d’études ont effectué des analyses immédiates, ultimes et la teneur en cendres en même temps. Ces trois éléments sont essentiels pour identifier le comportement énergétique de la biomasse», est-il écrit dans l’étude. Cette dernière indique que plusieurs recherches ont examiné remarquablement différentes parties du palmier dattier, mais aucune n’a examiné l’aspect de la variété (biodiversité) de la biomasse phoénicicole ainsi que les propriétés chimiques du palmier dattier, pour une éventuelle récupération d’énergie dans les écosystèmes oasiens différents. Une ressource mal connue D’autres caractéristiques biochimiques (hemicellucolese, lignine, cellulose, etc.,) utiles pour notre étude, ont été référées pour diverses applications de la biomasse phoénicicole. Ces utilisations concernent essentiellement la nourriture du bétail, la production du papier ainsi que le traitement des eaux usées (charbon actif). «Malgré la grande quantité de données sur l’énergie de la biomasse, l’absence d’études fiables et exhaustives sur la caractérisation chimique nous fait envisager cet aspect dans le contexte de l’oasis», déplorent les rédacteurs de l’étude. En effet, si l’on est dans l’écosystème oasien, caractérisé par sa biomasse phoénicicole, une crainte et une vive incertitude résident dans le fait que ses dépôts sont, d’une part, insuffisants et, d’autre part, incompatibles ou inadéquats en performance par rapport aux ressources utilisées classiquement dans le secteur de la bioénergie. Rappelons que cette étude s’inscrit dans une thématique de l’unité de recherche appliquée en énergie renouvelable (URAER) et a pour but l’évaluation du gisement de biomasse dans la région aride et semi-aride. Elle vise également à déterminer les caractéristiques chimiques liées aux transformations thermochimiques. La réalisation immédiate d’analyses (humidité, matière volatile, carbone fixe, cendres) et la détermination du pouvoir calorifique sont une première étape nécessaire pour l’étude de la qualité énergétique de la biomasse. Cependant, ces analyses sont loin d’être suffisantes pour la prévention et l’explication du comportement de la biomasse dans les conversions énergétiques. Fatma Zohra Foudil

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