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L’université Mentouri célèbre Ibn Al Haitham

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Et la lumière fut… Oui, il y a eu de la lumière durant deux jours, dimanche et lundi derniers, à l’université Mentouri de Constantine. Deux jours pour célébrer la lumière tant dans ses aspects scientifique que technologique et sociétal, à travers les journées Ibn Al Haitham II. La communauté scientifique, dont d’éminents représentants, ont clôturé l’Année internationale de la lumière par une série d’interventions dédiées exclusivement à la lumière, à son rôle de pivot de la science, son impact sur la vie quotidienne et son incidence sur le développement des technologies.

Pour rappel, l’Année internationale de la lumière (en abréviation anglaise IYL-2015), proclamée par l’Organisation des Nations unies (ONU), a pour figure emblématique le savant musulman Abu Hassan Ibn Al Haitham, qui a révolutionné l’optique il y a 1000 ans, célèbre pour ses applications en médecine, en astronomie et autres branches scientifiques. D’où l’organisation des journées Ibn Al Haitham I au sein de l’université Mentouri de Constantine, auxquelles la directrice générale de l’Unesco, Irina Bokova, a pris part, le 12 avril 2015, au lendemain du lancement de l’année de la Lumière en Algérie. Pour la clôture de l’événement, la même université a organisé les journées Ibn Al- Haitham II. Cette manifestation scientifique a été renouvelée, cette année, avec la participation des chercheurs émérites venus de France, du Royaume-Uni et de Bahreïn. Initiée par le département de physique et le laboratoire de physique mathématique et subatomique (LPMPS) de l’université Constantine 1, ce rendez-vous de «la matière grise» a exploré la lumière dans ses multiples aspects et déclinaisons, en hommage à Ibn Al Haitham. De son vrai nom Abu Ali Al Hassan Ibn Al Hassan Ibn Al Haitham,, il est né en 965 dans la ville irakienne de Bassora. Il a révolutionné, entre autres, la science de la lumière. Il a inventé la chambre noire et est le premier à établir que la lumière de la Lune vient du Soleil. Mathématicien, philosophe et physicien du monde médiéval arabo-musulman, il est l’un des premiers promoteurs de la méthode scientifique expérimentale, mais aussi un des premiers physiciens théoriciens à utiliser les mathématiques. Il s’illustre par ses travaux fondateurs dans les domaines de l’optique. Certains, pour ces raisons, l’ont décrit comme le premier véritable scientifique. C’est d’ailleurs à ce pionnier de l’expérimentation que le Pr Abderrahmane Tadjeddine, doyen des scientifiques algériens, a tenu à rappeler les mérites et les travaux, en faisant référence au Traité d’optique (Kitab Al Manadhir), écrit il y a plus de 1000 ans et qui fut à l’origine d’une «véritable révolution scientifique» dans le domaine de l’optique. Le Pr Abderrahmane Tadjeddine, directeur de recherche à l’université Paris-Sud, ancien directeur adjoint du CNRS (France), détenteur de la Légion d’honneur et lauréat de la médaille Rammal de physique, a été distingué par l’université Mentouri et l’association Sirius, en reconnaissance à l’éminence de son parcours professionnel. Il s’est dit «très ému et honoré par cette distinction, d’autant qu’il n’est pas revenu à Constantine depuis sept années». Abderrahmane Tadjeddine a également indiqué, en marge de cette conférence, qu’il œuvrera, à la tête d’un groupe de scientifiques, à la valorisation des travaux d’Ibn Al Haitham, particulièrement la «mise en lumière» de ceux encore inédits. LA SYMPHONIE COSMIQUE Ces journées ont, en parallèle, consacré un large volet de leurs activités aux expositions. Grâce à la collaboration du club de physique de Constantine, l’association Sirius d’astronomie, le Centre de développement des technologies avancées et l’unité de recherche en optique et photonique de l’université Ferhat Abbas de Sétif (UROP-CDTA), la communauté estudiantine a pu découvrir de visu un soupçon des innombrables secrets de la lumière, ses distorsions, ondulations et rétractations. Les étudiants qui se sont agglutinés devant les stands, au niveau du bloc des lettres, étaient pour le moins émerveillés devant des démonstrations, ô combien intrigantes mais captivantes. Le stand de Walid Labbou était l’un des plus visités. Ce jeune attaché de recherche à l’université Ferhat Abbas de Sétif participe à cette manifestation avec plusieurs de ses pairs et anime, avec eux, la «Caravane de la lumière», composée de plusieurs expériences d’optique et d’optronique manipulatoires. Il est très absorbé par les explications qu’il fournit aux visiteurs, notamment à propos de son hologramme par pyramide inversée. «A l’aide d’une surface semi réfléchissante inclinée de 45°, on peut avoir une image virtuelle de l’objet à travers cette surface, la répétition de cette opération sur les 4 facettes d’une pyramide donne l’hologramme». En vérité, la vulgarisation de ce procédé nécessite une maîtrise de la science physique et de beaucoup de bagage scientifique. Pour les profanes, notre chercheur use d’un vocabulaire adapté pour répondre à toutes ces questions qui fusent par ci par là face à ces quatre formes halogènes qui flottent. Tout cela sera réalisé grâce à la lumière «dans les deux prochaines décennies, on va avoir une technologie davantage basée sur l’optique, ce qui se traduira par une rapidité de l’information», conclura cet ingénieur chercheur. Bouchra Labsir, étudiante en mastère I de physique des particules et membre du club éponyme de l’université Mentouri a présenté, quant à elle, le miroir infini. Entre deux plaques, un écran de fumée et un miroir, il y a la création d’un tunnel, ce qui permettra à lumière de se réfléchir, de faiblir avant de se dissiper progressivement. C’est une explication sommaire mais l’effet d’optique est saisissant, au grand émerveillement de l’assistance. «Mon expérience n’a aucune application dans la vie quotidienne (...) C’est un exercice pratique qui me permet de tester mes connaissances et acquis en la matière», nous a-t-elle confié. Plusieurs communications relatives aux thèmes de la lumière synchrotron, l’impact de la lumière sur l’évolution stellaire, le laser et ses applications sociétales et la physique des cellules solaires, ont été présentées par des universitaires algériens et étrangers lors des journées Ibn Al Haitham dont le clou était la projection, en exclusivité en Algérie du film Light : beyond the bulb, the LBB project (Lumière : au-delà de l’ampoule). C’est un programme d’expositions internationales open-source qui met en valeur l’incroyable variété de la science basée sur la lumière étant recherché aujourd’hui à travers le spectre électromagnétique, dans toutes les disciplines scientifiques et à travers les plateformes technologiques. Aussi, il y a eu la «Symphonie Cosmique», qui est la plus grande exposition sur la lumière, en circulation en Afrique et en Europe. Cette manifestation constantinoise sera la dernière étape en Algérie, mais aussi sur le continent africain et dans le Monde arabe, de l’Année internationale de la lumière. Cette dernière avait été ouverte le 19 janvier 2015, à Paris et se terminera au Mexique, le 2 février prochain, avec l’inauguration du Musée de la lumière. Naïma Djekhar

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