Récemment nommé, à la suite du récent remaniement décidé par le Président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika, le nouveau ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, M. Mebarki Mohamed, n’a eu aucun moment de répit face aux impératifs et aux urgences de son calendrier pour mettre en exécution immédiatement les dispositions prises devant assurer le bon déroulement de la rentrée universitaire.

Une forte mobilisation est observée au niveau des structures de ce Département et des universités pour assurer un meilleur accueil des étudiants. Aucune contrainte de taille à priori n’est à relever, surtout que le membre du gouvernement en question était un recteur d’université pour être aujourd’hui en prise avec la réalité du terrain et maîtriser parfaitement les circuits de fonctionnement du secteur.

Recteur et auteur d’un ouvrage consacré à l’évolution de l’université algérienne. Des atouts appréciables pour mener à bien des missions d’amélioration et de perfectionnement de ces nombreux espaces de savoir qui doivent être impérativement des centres de rayonnement. De grandes ambitions sont affichées pour rehausser un statut, s’ouvrir sur un environnement et attribuer un sens à la notion de recherche.
Entre deux séances de travail, M. Mebarki Mohamed fait le point dans cet entretien sur cette rentrée.

Monsieur le ministre, votre nomination à la tête du Département de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique correspond avec la rentrée de l’année universitaire 2013/2014. Comment évaluez-vous les conditions de cette rentrée ?
Je pense, et c’est l’avis de l’ensemble des acteurs, que cette rentrée se déroule dans de bonnes conditions. Les efforts déployés par l’ensemble des responsables, particulièrement au niveau local, ont permis d’offrir un meilleur accueil aux étudiants et de répondre aux attentes des nouveaux bacheliers dont le nombre a atteint les 192.000 et que je félicite au passage.
Le système d’orientation et d’inscription des nouveaux bacheliers est maintenant rodé depuis un certain nombre d’années, grâce à l’outil informatique et à l’expérience acquise en la matière. Donc, toutes les étapes d’inscription se sont déroulées comme prévu.
Sur le plan des infrastructures et en dehors de quelques villes universitaires, on peut dire que globalement les conditions d’une bonne rentrée sont toutes réunies, grâce aussi à la réception de nouvelles infrastructures.
Sur le plan pédagogique, nous ouvrons près d’un millier de masters cette année ; les arrêtés portant leur création ont été signés et les inscriptions ont commencé, et ce, dans le respect des conditions d’éligibilité et en fonction des conditions de chaque établissement.

Justement, est-ce qu’on peut dire que les infrastructures actuelles couvrent l’ensemble de la demande, particulièrement lorsqu’on sait que le nombre de bacheliers cette année est moins élevé que les années précédentes ?
Les infrastructures réceptionnées ont permis d’augmenter le nombre de places physiques de 118.200, portant ainsi la capacité de tout le secteur à 1.250.000 places physiques. Au plan de l’hébergement, il est prévu la réception de 70.000 nouveaux lits, portant la capacité de tout le secteur à 651.000 lits. On peut dire globalement que les infrastructures, notamment celles nouvellement réceptionnées suite aux instructions de M. le Président de la République et aux visites de terrain de M. le Premier ministre, sont suffisantes et ont permis à chaque étudiant de bénéficier d’une place pédagogique et des conditions d’hébergement et de restauration convenables.
Nous œuvrons au quotidien pour l’amélioration de l’ensemble des conditions.

Il a été introduit cette année, en première année de licence, les socles communs. Qu’en est-il de l’application ?
Il est utile d’avoir des socles communs à plusieurs licences. Cela amène de l’homogénéité au système et facilite la mobilité des étudiants entre les établissements. C’est pourquoi les pédagogues ont introduit cette disposition, qui est déjà appliquée dans beaucoup de filières. Là où des problèmes se posent quant à l’application, la réflexion continuera jusqu’à la levée par les enseignants de toutes les contraintes.

Les étudiants porteurs de l’ancien diplôme DEUA posent toujours leur problème d’intégration dans le système LMD...
Il s’agit généralement de ceux ayant obtenu le DEUA, il y a plus de cinq ans et qui veulent préparer un autre diplôme, car attendre cinq ans entre un diplôme et un autre est une règle.
Ces diplômés posent plusieurs problèmes. En ce qui concerne l’enseignement supérieur, leur préoccupation de s’inscrire au LMD est réglée. Ils y sont autorisés après une équivalence et selon les possibilités des établissements.
Cette année tous les établissements ont été instruits pour généraliser cette mesure et ouvrir des places pédagogiques aux titulaires du LMD.

Justement, quelle est votre stratégie pour un meilleur accompagnement des établissements universitaires dans le but d’offrir aux étudiants plus de possibilités d’insertion professionnelle et aux enseignants de meilleures conditions de travail ?
Dans la loi d’orientation, vous trouverez tous les éléments d’une réforme répondant aux besoins de la société en matière d’enseignement supérieur et de recherche scientifique. Cette loi a été largement discutée et il a été tenu compte des avis émis.
Il s’agit d’un outil stratégique qui s’est accompagné d’un arsenal juridique, dont l’application pose parfois des questions d’adaptation aux évolutions du monde auquel nous ne pouvons nous soustraire.
Certains textes méritent une révision, d’autres de simples réaménagements.
Nous avons commencé à y travailler. Mais je crois que le meilleur moyen d’avancer, c’est justement de favoriser le dialogue en associant tous les membres de la communauté universitaire, sans exclusive et particulièrement ceux qui croient à l’intérêt de la concertation.
Notre souci reste la concertation avec l’ensemble des membres de la communauté universitaire. J’insiste énormément sur ce point car c’est là le centre de la dynamique que nous comptons mettre en œuvre. Avec le dialogue et la concertation dans le respect des prérogatives de chacun, mais aussi avec le sens de la responsabilité, nous parviendrons à rapprocher l’université algérienne de ses missions sociales, éducatives et scientifiques.
Nous travaillerons, par ailleurs, à ouvrir l’université sur son environnement par le développement du partenariat pour identifier les besoins réels du marché et orienter les formations en conséquence.
Ceci permettra de réduire les problèmes d’insertion professionnelle. nous avons ciblé les objectifs et les moyens pour les atteindre.

Un dernier mot, Monsieur le ministre...
Autant de perspectives sont assignées sûrement pour que tous les gestionnaires et les enseignants universitaires soient impliqués pour leur concrétisation. Le dialogue sera constamment de mise pour traiter toutes les éventuelles difficultés.
Notre mission est de soutenir un développement dont les fondements reposent sur l’esprit d’entreprise de la jeunesse et le savoir-faire de l’élite. Enfin, je remercie le journal El Moudjahid pour m’avoir permis d’exprimer des attentes et des préoccupations contenues dans le programme du gouvernement. Un gouvernement à l’écoute des pulsations de la société et attentif à ses aspirations en général… De surcroit, pour une jeunesse au centre des priorités de son action conformément aux orientations du Chef de l’Etat…
Propos recueillis par Abbès Bellaha

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Un tremplin des générations futures
Une université au niveau de chaque wilaya… Nul, en fait, ne peut occulter les efforts consentis en direction du secteur de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique qui, fort de ses imposantes infrastructures équipements modernes, taille, annuellement, la part du lion du budget national pour maintenir la cadence, répondre au mieux aux exigences et besoins pédagogiques et d’intendance des centaines de milliers d’étudiants et offrir les conditions de promotion et d’épanouissement de la communauté universitaire. Les progrès accomplis sont sans doute conséquents pour traduire une volonté politique et se conformer au choix de la démocratisation de l’enseignement dans tous ses paliers.
De telles avancées naturellement ne doivent dissimuler les insuffisances constatées ça et là dans la gestion et le fonctionnement, la conception et l’approche pédagogique avec ces incidences sur la faiblesse d’un niveau de formation, sans compter le manque de débouchés pour les jeunes diplômés et l’absence même d’horizons. La quantité a prévalu dans les cycles de formation reléguant au dernier plan ces notions de l’effort et du mérite. Il y a certainement urgence pour qu’un redressement soit opéré et qu’une réhabilitation de l’université algérienne amorcée.
Une certaine prise de conscience est relevée assurément et traduite par une grande réflexion engagée déjà à l’effet de valoriser du moins ces investissements et d’accompagner ou promouvoir la vocation. C’est pour l’ensemble de ces raisons que l’ouverture de l’université, prônée par le nouveau ministre sur l’environnement grâce au  développement du partenariat, constitue un élément important, voire déterminant, de nature à favoriser la décantation et à participer à l’élévation d’un niveau de formation. Il va sans dire que répondre à un besoin du marché économique exige systématiquement une qualification et des capacités d’où cet impératif recours à l’assiduité dans les cours, à la persévérance dans l’assimilation des axes de toute filière scientifique et à la tendance de parfaire une formation. Enseignants et étudiants sont plus que jamais interpellés pour s’inscrire dans le sillage des contours de cette trajectoire et donner le ton à cette rentrée universitaire, particulièrement âpres le coup sélectif du ministère de l’Education enregistré au gré des résultats des dernières épreuves du baccalauréat. Cap pour la qualité et l’amélioration du niveau de formation pour que l’université devienne réellement un centre de rayonnement et guide l’action d’édification et de modernisation du pays. Une université débarrassée de tous les tabous et libérée du poids d’un héritage pour se consacrer exclusivement à la science et au progrès technologiques.
Une université enfin pour la formation des générations montantes, de l’homme de demain…
A. B.